Un peu de vocabulaire autour du mot « avertin »
Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots français tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et les arts sçavoir la philosophie, logique…Recueilli et compilé par feu Messire Antoine Furetière. La Haye et Rotterdam Arnout et Reinier, 1690
Avertin : (a-vèr-tin), n.m. Maladie qui rend opiniâtre et furieux. Fig. ô le plaisant avertin D’un fou du pays latin, J.B.Rousseau
Dictionnaire de l’Académie française 1762
AVERTIN. s.m. Maladie d'esprit qui rend opiniâtre, emporté, furieux. Il est vieux.
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres. Diderot and d'Alembert, entre 1751 and 1772.
AVERTIN ou AVORTIN [ Economie rustique ] Diderot, Denis
pas averti, pas écouté, est un pas réglé & soûtenu, un pas d'école. On disoit autrefois un pas racolt dans le même sens. Voyez Pas, Allûre. (V) AVERTIN ou AVORTIN * AVERTIN ou AVORTIN, s. m. (OEconom. rustiq.) maladie des bêtes aumailles, qu'on appelle aussi vertige, étourdissement, sang, folie, & tournant, & dans laquelle elles tournent, sautent, cessent de manger, bronchent, & ont la tête & les piés dans une grande chaleur. Le soleil de Mars & les grandes chaleurs la donnent aux brebis. Pour la guérir, on saigne les bêtes à la tempe, ou à la veine qui passe sur le nez ; alors la bête s'évanouit, & meurt quelquefois. Pour éviter la saignée, on prend des bettes sauvages, on en exprime le suc ; on en met dans le nez de la bête malade ; on lui fait manger de la plante ; on lui coule aussi dans les oreilles du jus d'orvale.
AVERTIN s. m. maladie d’esprit qui rend opiniâtre, furieux, ou emporté. Morositas. Quand son avertin le prend. ☞ Ce mot est vieux & hors d’usage.
C’est aussi une maladie des bêtes à corne & des brebis, causée par l’ardeur du soleil, principalement dans le mois de Mars, & qui leur offense tellement le cerveau, qu’ils sont tout étourdis, & ne font que tourner & sauter sans vouloir manger. Vertigo. L’avertin se guérit en faisant boire à l’animal du suc de bette, & lui faisant manger des feuilles de cette herbe, ou bien en lui faisant couler dans l’oreille du jus d’orvale. De Serres.
Ce mot vient de vertigo, qui signifie trouble d’esprit. Borel le dérive de ver, ou de avertere. On dit proverbialement des enfans qui sont criards & mutins, qu’il les faut vouer à S. Avertin.
AVERTINEUX. s. m. Qui est attaqué de la maladie qu’on nomme avertin, c’est-à-dire, de la frénésie, car ces deux mots sont synonymes.
Quand on dit que S. Acaire guarissoit les acariâtres, je ne doute point qu’on n’ait regardé à l’origine de son nom. Autant est-il de S. Avertin qui guarit les avernaux, cousins germains des acariâtres. Pour le moins on dit que saint Avertin guarit tous maux de tête, desquels nous savons le plus grand être en ceux qu’on appelle avertineux. Apol. pour Hérodote, chap. 38, art. 7, tom. 3, p. 41 & 42 de l’édit.de la Haie 1735.
Nicot, Monet, & Cotgrave, non contens d’avoit mis avertineux dans leurs Dictionnaires, ont dit aussi s’avertiner, pour entrer en fureur, s’opiniâtrer. Voilà donc deux mots bannis en même temps de notre langue. Voyez Vertigineux.
Dictionnaire critique de la langue française . T 1(A-D) 1787
AVERTIN,
s. m. Vertigot, caprice; Frénésie. Trév. Maladie de l'esprit qui rend opiniâtre,
emporté, furieux. = Il est vieux. Acad. _ Rousseau l'a employé, mais c'est dans
le style satirique.
O le plaisant avertin
D'un fou du pays latin,
Qui se travaille et se gêne,
Pour devenir à la fin
Sage comme Diogène.
Le Dictionnaire de l’Académie française. Sixième édition.T.1. 1835
AVERTIN. s. m. Maladie d'esprit qui rend opiniâtre, emporté, furieux. Il se dit, par extension, de Ceux qui sont tourmentés de cette maladie. Le peuple appelait saint Mathurin le patron des avertins.
Il se dit aussi de La maladie des moutons que l'on nomme ordinairement Tournis. Dans les trois sens, il est vieux.
AVERTIN a-vèr-tin s. m. Maladie qui rend opiniâtre et furieux. Fig. Ô le plaisant avertin D'un fou du pays latin Maladie des moutons appelée tournis. XIIIe s. Venteuses qui sont mises ou soumeçon [sommet] du chief valent à chiaus [ceux] qui devienent fol par malvaise cierveille et auvertin Ces fames s'en ceignent le soir de la Saint Jehan, et en font les chapiaux seur lor chiez, et dient que goute ne avertinz ne les puet panre XIVe s. Symonet, besgue, fol, lunatique, malade et cheant souvent du mal d'avertin XVIe s. Si Dieu ne l'avoit deffendu Et je fusse en mon advertin, Je donrois quinze à l'Aretin, Et si gaignerois la partie On lui attitroit des salueurs, qui lui faisoient de grandes reverences et barrettades, pour voir un peu tel asne en son avertin faire ses gambades La maniere de faire taire et danser les femmes, lorsque leur avertin les prend Or, est mort n'a pas longtemps ce preud'homme avertin [malin, bizarre] Ce mal [du bétail à laine] est appellé avertin par d'aucuns François, et, en Escosse avec raison, estourdi Avertere ; mal qui détourne l'esprit ; de a, indiquant éloignement, et vertere, tourner (voy. VERSION). On a dit aussi esvertin.
Dictionnaire de l’Académie française, 1877 (7 ème édition)
AVERTIN
s. m. Maladie d'esprit qui rend opiniâtre; emporté, furieux.
Il se dit, par extension, de Ceux qui sont tourmentés de cette maladie. Le peuple appelait saint Mathurin le patron des avertins.
Il se dit aussi de La maladie des moutons que l'on nomme ordinairement Tournis. Dans les trois sens, il est vieux.
TLFi : Trésor de la langue Française informatisé, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.
AVERTIN, subst. masc.
AVERTIN,
subst. masc.
PATHOLOGIE
A.Vx.
Dérèglement de l'esprit qui se traduit par un comportement violent, sorte de
folie furieuse.
P.
méton., vx. Personne frappée de ce mal.
B.[En
parlant des moutons] Maladie qui frappe d'inappétence et de tournoiement
incessant. Synon. tournis (cf. en partic. Ac. 1835-1932).
Rem. Attesté ds Ac. 1835-1932 et les principaux dict. gén. du XIXe
et du XXe siècle.
PRONONC. ET ORTH. : [].
LITTRÉ rappelle : ,,on a dit aussi esvertin``.
ÉTYMOL. ET HIST. 1.
1256 pathol. auvertin « maladie de l'esprit » (Alebrandin de Sienne ds
LITTRÉ : Venteuses qui sont mises ou soumeçon du chief valent à chiaus qui
devienent fol par malvaise cierveille et auvertin); fin XIIIe
s. avertinz (RUTEB. 257, ibid.); 2. 1379 art vétér. (J. DE
BRIE, Bon Berger, éd. Lacroix, 96 ds T.-L. : une merveilleuse maladie que
l'on appelle avertin, qui les fait tournoier, dont ilz sont tous
escervelez et en affolent et meurent par maintes fois). Mot qualifié de
,,vieux`` dep. Ac. 1762.
Dér. du lat. vertiginem, accusatif de vertigo, -inis « action de
tourner, tournoiement » (OVIDE, 2 Met., 70 ds FORC.) avec a-
initial peut-être dû au lat. avertere « détourner » (d'où l'a. fr.
avertir « détourner », XIIe s., Athis ds GDF.). L'hyp.
d'une telle dérivation à partir de l'a.fr. vertin subst. masc. «
épilepsie » (ca 1213 Fet des Romains d'apr. FEW t. 14, p.
326a) n'est pas à écarter, non plus que celle selon laquelle avertin
serait issu, p. substitution de préf., de l'a.fr. esvertin (lat. ex-
« hors de [sens] » + vertiginem), XIe s., RASCHI, v. LEVY
Trésor, p. 105 (G. Paris ds Romania, t. 15, p. 454). Au contraire, l'hyp.
selon laquelle avertin serait une forme agglutinée de la vertin
(TOBLER, v. BBG.) fait difficulté étant donnée la forme masc. de l'a.fr.
vertin (v. GDF.).
Pour information, Le Dictionnaire de l’Académie française 9 ème édition (dictionnaire lettre « a » paru en 1992) a supprimé le mot avertin : il figure désormais dans la longue liste des mots remisés cette année-là au « cimetière des mots » …