Une piété populaire
Beaucoup de saints honorés en Bretagne, et le nôtre en fait partie, sont un peu, du point de vue liturgique, « des saints de contrebande », comme les surnomme avec humour Paul Gruyer dans son ouvrage : « Un mois en Bretagne ». Ces saints, dit-il, qui tirent de leurs dévots toute leur renommée, ont souvent été canonisés par des évêques, sans recevoir la consécration papale. Mais il ajoute que « ce serait un tort de penser que ces croyances fétichistes sont le seul apanage de la Bretagne. Elles ont eu cours, en réalité, à des époques plus ou moins proches de nous, dans toute la France. Elles se sont seulement, en Armorique, plus longtemps et plus obstinément perpétuées ».
Michel Ramette, dans son ouvrage* explique que notre saint fut canonisé par la piété populaire : « Vox populi-vox Dei » Il précise :
« C’est le Pape Urbain VIII qui codifiera en 1634 les règles de procédure pour la béatification et la canonisation. Il en excepta ceux en faveur de qui on pouvait invoquer un culte traditionnel antérieur à 1534. C’est en vertu de ce principe que les thaumaturges, comme Avertin, continuèrent à bénéficier légitimement de leur titre de sainteté. »
On retrouve des pratiques rituelles d’hommage à saint Avertin dans plusieurs contrées françaises. En témoigne ce texte écrit en 1869 par Louis Maggiolo** :
Citons quelques prières :
Nous reproduisons ici une petite antienne de l’office de St Avertin rédigée à la fin du 12ème siècle. Elle est citée par Jacques Levron dans son ouvrage: « Les saints du pays angevin »*** :
« En ce jour de la fête de St Avertin, que notre esprit tressaille de joie. Demandons-lui, par nos pieuses prières, que, du haut du Ciel, il nous aide en obtenant un remède de nos maux et qu’il nous délivre tout à fait des douleurs de tête auxquelles le monde est sujet »
Citons aussi une prière, du 20ème siècle cette fois, d’un Manuel des pèlerinages de F. Gouin****, curé de Soizé : celle-ci figure dans l’ouvrage à la date du 5 mai :
« Nous vous en supplions, Seigneur, prêtez à nos suppliques une bienveillante attention, afin que nous qui sommes affligés par les désordres de nos péchés nous soyons délivrés, par l’intercession de votre confesseur, le bienheureux Avertin, de toutes douleurs de tête, de corps et d’âme et que, par la grâce de votre miséricorde, nous soyons affranchis de toute adversité. Ainsi soit-il !
Saint Avertin, priez pour nous. »
Michel Ramette a réuni dans son ouvrage***** d’autres prières, chants, cantiques dédiés à Saint Avertin.
* Michel Ramette. Sculptures de l’église Saint-Pierre–Saint-Avertin. Association diocésaine de Tours : Paroisse de Saint-Avertin, 1985
** Louis Maggiolo. De la condition de l'instruction primaire et du maitre d'école en Lorraine avant 1789. Paris : Imprimerie impériale, 1869
***Jacques Levron. Les saints du pays angevin. Paris : Arthaud, 1943
****F. Gouin. Manuel des pèlerinages. La Loupe : Imprimerie Rouillé, 1956
*****Michel Ramette. Saint Avertin, serviteur de Dieu. D’après la tradition. édité par l’auteur, Saint-Avertin, 1980 pp.115-127